lundi 2 décembre 2013

Cross de l'UNSS - Compte-rendu de Robin

Comme tous les ans, le cross UNSS fait partie de mon calendrier sportif. Cette année en revanche, je vais le courir en préparation pour les FFA (mon objectif de la saison hivernale), donc prendre la course comme un entrainement.

Mardi 19 novembre : J – 1 : Un réveil de bonne humeur avec l’annonce de la naissance de mon cousin Quentin, mon Tonton devient Papa ! Gros rhume depuis 1 semaine qui ne cesse pas, ce qui n’est pas de très bon augure pour demain. Bizarrement et contrairement à d’habitude, je ne stresse pas, la pression n’est pas encore là. Sur ordre de Papa je ne me couche pas trop tard, même si je ne peux m’empêcher de regarder la belle victoire des bleus 3-0 face à l’Ukraine, je m’endors donc  avec les images de la forêt Amazonienne, des Favelas, de la plage de Copacabana et du Corcovado dans la tête.

Mercredi 20 novembre : Jour J : Après 1H d’SVT, 1H de Physique, 1H de Maths et la découverte qu’enfin c’est en équipe que nous allons représenter le Lycée VHB puisque nous sommes 6 coureurs cadets, nous nous rendons à la Prévalaye.
L’heure de l’échauffement est arrivée, la pression commence à monter, j’ai de bonnes jambes, mais les espoirs de faire une bonne place ne deviennent qu’illusions au fil des visages croisés et reconnus … La concurrence est là.

15H25 : Le départ va être donné dans 5 minutes, je fais des gammes avec le reste de l’équipe, les jambes sont toujours présentes, la pression aussi…

15H30 : Tous les coureurs sont les pieds sur la ligne, le buste en avant, ça va partir vite, comme d’habitude… PAAAN !!! C’est parti, ça joue des coudes, je pars vite pour ne pas me faire enfermer et surtout ne pas me faire bousculer ou arracher ma chaussure (certains comprendrons !!!).  Virage à gauche, ça ralenti un peu, l’excitation générale du départ est passée… Je regarde autour de moi, je suis dans le groupe de tête, composé d’une dizaine de coureurs, dont un  camarade de classe, Etienne. 3670 mètres, c’est court, mais rapide ! Rester concentrer. Tenir. Ne pas se poser trop de questions. Il y a deux boucles d’environ 1800 mètres, dans la première, je me sens bien et je me prends même quelques mètres de plaisir en menant la course. Je reviens rapidement me placer au chaud pour ne pas me fatiguer. On entame la deuxième boucle, le rythme s’accélère et le groupe est coupé en deux, je m’accroche au bon wagon et nous ne sommes plus que huit. Je suis encore bien mais une deuxième accélération 300 mètres plus tard va me mettre dans le rouge. Je reste accroché malgré tout, nous sommes maintenant cinq coureurs en tête. A 600 mètres de l’arrivée le groupe s’emballe encore et je n’arrive malheureusement pas à suivre, trois coureurs partent en tête, nous sommes deux à voir le podium s’en aller devant nous, gagnant du terrain mètre après mètre …  Je suis complètement cuit et je n’arriverai pas à finir à la 4ème place. Je m’incline en 5ème position, ma meilleure performance sur un cross UNSS.
A l’arrivée, je n’en reviens pas, je suis tellement heureux, j’en avais rêvé de cette course mais je n’aurais pas pensé y arriver si vite ! L’entrainement paie enfin. Le bonheur est amplifié lors de l’annonce de notre belle deuxième place par équipe, juste derrière le Sport étude de Cesson.
Prochaine étape, les championnats régionaux  à Plouay le 11 décembre, où on tentera de rééditer l’exploit ! 

vendredi 10 mai 2013

1er tour des Interclubs : le compte-rendu


CR 1er Tour des Inter Club du 05 mai 2013
Oyez, oyez, je vais vous conter l’épopée de la JA Melesse aux InterClub ayant eu lieu au Pays de Fougères en l’an XXIVICHJKK – je suis nul en chiffre romain, en l’an 2013. Ce récit est l’aventure d’un groupe, décidé à sortir des sentiers battus et des routes goudronnées pour affronter les meilleurs sportifs du Pays Gallo au péril de leur vie.

Cette journée commença de très bonne heure le dimanche matin en co-chariotant avec Charlie, Françoise et Bruno B car la compétition avait lieu à 40 bonnes lieues de Rennes, et nous avions la dangereuse forêt de Liffré à traverser. Françoise nous guida comme jamais pour nous mener à Fougères, évitant brigands et foire aux bestiaux pour arriver à 10 H tapante devant les grilles du stade Paron – en effet, il y a maintenant une autoroute qui va directement à Fougères.

Il a fier allure ce stade, pas tout à fait olympique mais presque. Nous posons notre table roumaine en haut des gradins, déroulons les banderoles, sortons les thermos. La journée va être longue et la délégation de la JA Melesse va bientôt débarquer.

Il faut l’avouer, si nous sommes proche des dieux de l’Asphalte nous sommes loin d’être des Dieux du Stade. Notre faible connaissance des disciplines, nous la compenserons par une énorme envie. On peut donc le dire nous sommes un peu comme dans Astérix et Les Jeux Olympiques : Charlie en druide Panoramix, nous indiquant les règles juste avant le départ, Patrice Dugué en Astérix, Thierry en Alabarfixe, Bruno R. en Sautomatix, moi en Assurantourix, nos filles en Fabela – là j’en rajoute un peu mais après je suis méchant ! – et Jean-Lou en Obélix évidement
Les clairons résonnent, les InterClubs sont officiellement ouvert, la flamme a été allumée par Queen Elisabeth herself – en effet depuis les JO de Londres, elle allume toute les flammes de toutes les compétions, elle a aussi allumé mon barbecue la semaine dernière. Excusez moi, je m’égare car Françoise va débuter l’épreuve de la marche Silence.
Françoise, en tant que néo-spécialiste du 3000 Marche, ouvre le bal des épreuves. Hélas, les juges, ne comprenant rien à son style novateur « jambe cassée, genou plié » lui infligent une pluie de carton jaune au premier tour suivi d’une pluie de carton rouge au second tour. Dans la stupeur générale, les juges la disqualifient à 200 mètres de l’arrivée. Le ton est donné, il y a des règles, il faut les respecter, on n’est pas là pour plaisanter.

Françoise et Benoit au style pourtant si proche !

Le jeune Benoit B. – il préfère rester incognito car le milieu de la marche est petit – lui aussi ça tombe bien ! – décide de venger Françoise et nous claque ni vu ni connu, un 25'03''79 au 5000 Marche, niveau IR4. Ca s’est fait, et 818 points dans la besace de la JA Melesse.

Les épreuves s’enchainent sans relâche, ni répits, on se dirige donc vers les filles qui vont lancer le poids : Marina au style si académique qui pourtant deux minutes avant l’épreuve cherchait le cochonnet en demandant à Françoise si elle préférait pointer ou tirer.

Plus tard Jean-Lou lance lui aussi le poids en criant comme un lanceur ouest allemand – un ami psychanalyste, Abram Kardiner connu pour son traité sur le culturalisme et le traumatisme m’a assuré qu’il ne fallait pas voir Jean-Lou rejetant son surpoids mais plutôt son sur-moi inconscient à travers ce poids – sinon pour expliquer l’image, Jean Lou est en rouge et le poids est gris car dès fois les petits poids sont rouges–. La performance fut mesurée à 5 m40, les décibels à 110 dB et mon ami psychanalyste est dorénavant sourd.



Dédé lança lui aussi le poids d’un jet surpuissant (valeur 281 point à la table hongroise) que l’Ostrogoth de l’ASPTT en rit encore ! Toutefois l’Ostrogoth rigola beaucoup moins quand notre Agecanonix enfila les pointes et mena le train sur le 5000 mètres. En effet, chers lecteurs, j’aurais pu cacher ces images peu flatteuse où nous ne sommes pas à notre avantage mais justement c’est là l’incroyable bonheur de participer à de telle journée ! Toutefois, je recommande à Dédé de continuer le 5000 m plutôt que le poids. Jean Lou peut lui continuer le poids.




Heureux comme un blessé

Sur le 400 mètres, on retrouve Bruno B qui confond le « coupé- décalé » – la fameuse danse africaine avec le « cassé-fin de ligne », résultat : une épaule, un bras, une jambe bien égratignés. Il faut préciser également que Bruno avait repéré à la sortie du 3ième virage la secouriste bénévole de la croix rouge et que les mauvaises langues disent que son plongeon sur la ligne d’arrivée n’est pas involontaire. En tout cas, il claque un super chrono, il a très bien été soigné et a pu participer à l’épreuve de javelot.

Ainsi s’achève la matinée, mais ne t’inquiètes pas lecteur, car et il y aura des révélations croustillantes dans la seconde partie

Dès le début de l’après midi, on retrouve les sauts. Bruno R. a choisi le triple saut. Son choix n’est pas évident car lors des répétions une semaine avant, il n’arrivait pas au bac à sable. Bruno essaye donc négocier avec le juge un essai supplémentaire en tant qu’entraineur FFA. Cela ne marchera pas !


Bruno R. essayant d’embrouiller un juge


Robin a choisi une technique indienne pour aller battre Bruno R. sur le triple saut : la coupe profilée en iroquoise et la danse du sioux. Le résultat est imparable, record personnel en 10 m 26. Robin et Titouan était également jeune juge arbitre, un  grand merci à eux !



Thierry, notre kenyan blanc, achève son 800 mètres en apnée total avec les jambes qui piquent, il rend une copie très propre en 2'15''84. David Rushida qui a le record du monde en 1’40’’91, n’a qu’à bien se tenir !

Tel des fauves en cages, nos discoboles – lanceur de disques au petit bonheur la chance  - JDY et Bruno R tournoient, tournoient, tournoient et lancent le disque dans l’horizon que nos yeux les perdent de vue ! Je parle de Bruno et JDY car les disques sont poser à 17m89 mais les spectateurs sont barbouillés à force de les regarder nos 2 dervish tourneurs!
Le podium de lancer de disques



Le concours de saut a déjà commencé : Béné, Benoit et moi sommes les représentants de la JA Melesse. Mon expérience en saut en longueur se résume à une recherche Internet pour connaître la technique de base et une séance en début de semaine – avec séance vidéo grâce à Olivier, histoire de déterminer mon pied d’appel et travaille mon saut d’impulsion. Mon premier saut est catastrophique avec un pied d’appui à 1 mètre de la planche. Avec les conseils de Benoit, les essais suivants permettent d’affiner les marques, et je finis le concours avec 4 m22, Benoit sera le plus régulier, tapant toujours à 3m90. Béné a défendu également sa chance sur le concours féminin et a pu ramener tranquillement 2 kg de sable dans chaque soulier.
 
ça plane pour moi, hou, hou, hou, ça plane pour moi !

Un petit aparté pour toi lecteur novice qui ne connaît pas toutes les subtilités du concours interclubs, chaque épreuve rapporte un nombre de point en fonction de la performance pure – le classement ne rentre pas en compte. Afin de déterminer le nombre de point, on utilise un convertisseur dit table hongroise qui va de 0 à 1500 points. Cela permet également de comparer les performances de chacun
Table hongroise en polychrome du 18ième siècle

Nous avions donc notre Monsieur Table Hongroise – JDY – qui scrutait grâce à une application sur son téléphone, les scores. Tout le monde a été au moins une fois dans la journée lui demander quel score il avait fait.

Parallèlement au concours de saut et de lancer, les courses continuent, s’enchainent à un rythme de folie. Sauf sur le 200 mètres, où soudainement le temps s’est arrêté :
En 34''37 sur 200 mètres, Christophe Lemaître à 10 ans – ah non on me dit que c’est Patrice Duguet. Vous êtes sûr du chrono ?

(NDLA : Patrice, fallait pas faire un super marathon et me déposer sur Rotterdam comme tu l’as fait, na !). Valérie et Béné font aussi le 200 mètres mais elles n’ont pas réussi à battre Patrice !
Le javelot marquera un grand moment avec Charlie qui invente une nouvelle technique de contrôle par la pointe avant pendant que Bruno B et Olivier se tirent la bourre pour passer la barre des 20 mètres : le vainqueur sera Olivier.

Pendant ce temps là, Thierry et Charlie - qui se téléporte à l’autre bout du stade mais sans utiliser son javelot car il n’irait pas bien loin ! – attaque la hauteur. Thierry se remémore les techniques vu au collège : ciseau, fosbury-flop, un mix de ventral costal, un passage sous la barre. Au vue de sa souplesse, le fosbury lui permettra de passer de 1m45. Charlie sera plus pierre que ciseau.

Tiens bon la barre et tiens bon le vent, Hisse et ho, Santiano !


Arrive le 1500 mètres avec nos cadets Jordan, Robin et Bastien– la relève – ceux qui sont la cause de notre venue au stade – seront gérer la pression et assurer une belle course. Puis vint le moment tant attendu par le public, celui du 3000 steeple avec les franchissements de la ravière, JDY nous offre alors une grande performance de natation !


Elle est froide !

Sur les courses de fond, je vous ai déjà raconté les exploits de Dédé, mais il ne faut pas oublier la belle course Marina et l’excellent 3ième place d’Olivier.
Je me suis inscrit sur la course reine : le 100 mètres afin de défier Jean Lou – une revanche de Rotterdam également - mais ce fourbe s’est stratégiquement blessé samedi matin à l’entrainement. Laissé seul sur les starts, ma technique dite de la Charlie Chaplin (pied en canard, genou ouvert, pied allant taper la fesse opposée, bras écarté pour empêcher l’adversaire de passer) laissera pantois mon adversaire de Fougères qui restera loin derrière moi. Pour résumer ma course, je dirais que je suis à moins de 4 secondes d’Usain Bolt, c’est vous dire la performance !



Je ne vous parlerai pas de mes sensations car je ne suis pas très doué pour exprimer mon ressenti mais j’ai eu des frissons quand le speaker a demandé le silence pour le départ, que les gradins se sont tus et que la détonation de pistolet a claqué dans l’air comme un fouet, te faisant bondir des starts…du plaisir 100% adrénaline !


En fin de journée, les relais nous offrent des images bien cocasses :

Contrairement à ce que les photos montrent, le juge explique bel et bien à Valérie la mise en place dans les starts, c’est moi qui passe le relais à Patrice et non le contraire, et JDY fait le coup de « tu me  donnes le témoin dans le zig, je le prends dans le zag ! »

A la fin de la journée nous sommes hystériques, nous scrutons  fiévreusement le tableau des scores, nous sommes 3ième avant le 5000 et les relais. Le verdict tombe immédiatement après les relais : nous sommes 2ième avec un score de 10747 points !




En espérant avoir relaté avec le plus d’objectivité possible cette journée et vous avoir donné l’envie de nous rejoindre, le mot de la fin pour notre supporter N°1 Théo : « la JA c’est les plus forts ! » : 

mardi 30 avril 2013

Rotterdam 2013 - BrunoR


 
Marathon de Rotterdam
14 avril 2013

La décision… "forcée"
Le 4 novembre, je terminais le marathon de Rennes dans la souffrance. Souffrance physique mais aussi morale : Fini, terminé, j’étais épuisé. Pas de marathon avant au moins… un an. Et la saison de cross à venir, ben, je verrai bien, je ferai le minimum.

Quelques jours plus tard, le projet d’organiser un déplacement au marathon de Rotterdam germait dans l’esprit des copains du bureau de mon club. Les copains, ce sont des tenaces. Une fois lancés, on ne les arrête plus !
Trois semaines après le marathon de Rennes, le projet était lancé définitivement. Sans même me poser la question, j’étais de la partie bien sûr. Un déplacement en car, un marathon à l’étranger avec la bande de la JA Melesse, ça ne se refuse pas !
Bénédicte n’hésite pas non plus, elle est enthousiaste ! Mais « seulement » pour le 10 km organisé en parallèle du marathon.

Et les cross alors ? Là aussi, un peu de repos et les copains ont fait le reste. Une première dérouillée à Combourg, un léger mieux à Iffendic, j’étais prêt pour une nouvelle édition de notre championnat du monde à nous : Tango, Nico, le grand Barbu et Seb, le petit nouveau prêt à écœurer tout le monde.
Une fois de plus, les championnats départementaux nous auront permis de nous livrer une bataille épique. De celles qui créent des liens tellement forts et dont on parle au moins un an ! Surtout le vainqueur d’ailleurs, qui peut surfer sur son « titre » à chaque occasion.


J’ai vendu chèrement ma peau, mais cette année je n’ai pas été le patron. Le marathon vert a laissé des traces, dans le corps et dans la tête.
Malgré cela, au jeu de la qualification par équipe et des nombreuses défections, je me suis retrouvé au départ du « Championnat du Monde de Bretagne ». Je n’ai pas voulu laisser échapper une dernière occasion de courir en "Elite". 5 km en dernière position, au final j’ai quand même réussi à laisser 3 coureurs derrière moi, 1 de plus que l’an dernier.

Préparation minutieuse, comme toujours
Deux petites semaines et il faut attaquer la préparation marathon. La tête n’y est pas trop. Mais une fois encore, les copains m’emportent.
A commencer par Charlie, mon entraîneur et tellement plus que ça, qui est aux commandes. Que j’aime notre collaboration. Je lui fais entièrement confiance. Je ne cherche pas le pourquoi du comment, je ne discute pas : j’applique le plan ! J’enchaîne les séances, j’envoie les comptes-rendus, les courbes du cardio.
Alors que je passe des heures et des heures à établir des plans d’entraînement et à analyser les séances de mes coureurs, avec Charlie, je consomme. C’est un luxe que je m’accorde. Cela fait maintenant 7 ans que notre duo fonctionne, nous devons en être à presque 10 préparations de marathons ensemble. Nous avons tout connu, les records et les grosses claques. Mais quel que soit le résultat, j’ai toujours eu grand plaisir à suivre les "prépas".
Cette fois encore, même sans motivation démesurée, j’ai croqué dans la "prépa". Et comme les copains préparaient le même objectif, nous avons partagé de belles séances. Des sorties longues, des séances de vma presque à fond, des tours et des tours à mémoriser l’allure cible sur la piste des Gayeulles ou de Vern. Courir, partager, toujours le plaisir.

A une semaine de l’échéance, j’étais prêt. Serein, sans doute comme jamais. Cette fois, je ne tomberai pas dans le piège du stress avant la course.
Je n’ai rien à perdre. Ce marathon, je ne voulais pas le courir. J’y vais pour être avec les copains et profiter du weekend.

Las, chassez le naturel… Les derniers jours avant le départ, la pression monte. Insidieusement puis plus forte jusqu’à devenir difficile à contrôler.
J’ai peur. Malgré ma petite expérience du marathon, j’ai peur. Peur de souffrir, peur de revivre la même galère qu’au marathon de Rennes.
Cette pensée ne va pas me lâcher jusqu’au départ.

Ni les retrouvailles avec les copains, ni l’ambiance du groupe, ni mes tentatives de dédramatiser la course ne vont réussir à me détendre complètement.

 
Pourtant, presque tous mes amis coureurs sont là. Bénédicte profite pleinement du weekend. Nous redécouvrons la ville de Rotterdam. Nous y étions passés avec les enfants mais j’étais passé à côté de la beauté de l’architecture moderne des lieux. En revanche, je retrouve la douceur de la vie batave. Ici, le vélo est roi et les hollandais sont détendus. Nous n’avons jamais vu un village marathon aussi serein et des bénévoles aussi flegmatiques.

Samedi soir, tout le monde prépare ses affaires, accroche son dossard. J’aime ce rituel, d’autant que nous le partageons en groupe. La pression tombe sur les épaules de quelques-uns. Paradoxalement, je me sens un peu plus léger.
Jour J
Nous voilà au départ. Avec Alain et Thierry, nous cherchons la consigne. Comme des bleus, nous ne nous sommes pas renseignés la veille. La consigne est à l’opposé. Footing tranquille puis de moins en moins pour déposer notre sac et revenir dans la zone de départ à temps. La question de s’échauffer ne se pose pas, je suis chaud-bouillant !
Ca bouchonne à l’entrée du sas 3h-3h30. Je doute même de pouvoir rentrer.
Je réussi à ne pas m’énerver, je patiente. Ca avance. Mais je suis loin, très loin. En me faufilant un peu, je ne suis pas trop loin du meneur des 3h15. Ca ira.
Je profite quand même un peu de l’avant course. Grandiose ! Un chanteur monté sur une nacelle entonne « You never walk alone ». L’hymne des Reds de Liverpool. Autour de moi, tout le monde chante. C’est magnifique, j’ai des frissons.

Le départ
Le départ est donné au son du canon ! Je patiente, je m’applique à ne pas sortir de la course. Je suis plus loin que je ne pensais dans le peloton. Je suis obligé de slalomer entre les coureurs qui n’ont visiblement pas le même objectif que moi.
Je m’extirpe du peloton en passant sur les rails du tramway qui sépare la chaussée en 2. Je rattrape Thierry et Charlie et j’aperçois Yoann devant. Je ne suis vraiment pas dans le bon wagon.
J’écoute le conseil que Charlie m’a donné au passage : je m’installe dans ma bulle, sans me laisser perturber.
On monte le pont Erasmus pendant plusieurs centaines de mètres. Difficile de m’installer. Je double beaucoup : J’ai l’impression d’aller vite mais les temps au kilomètre me rappellent vite que je n’avance pas comme prévu. Je remonte tous les copains : JeanLou et le petit Patrice, Jilali, puis Serge d’Acigné. Je tourne à 5mn par kilomètre. Trop lent. Heureusement, après le pont, la chaussée s’élargit. Je prends les trottoirs et je parviens à m’installer. Je fais monter le cardio. Au passage au km5, j’ai plus d’une minute de retard. Je n’ai jamais été aussi lent à un départ de marathon. Mais le cardio est bas. Je me dis que c’est autant d’effort en moins, ça me servira en fin de course.

Km5 – Km 15 : la chevauchée fantastique
Après le stade du Feyenoord de Rotterdam, je suis enfin dans ma course. Cardio impeccable, même un peu bas. Le rythme est excellent. Je tourne comme lors des meilleures séances d’entraînement. A la faveur d’une grande épingle à cheveu, je rattrape Patrice et j’aperçois Jean-Daniel. Je lui lance un grand : « J’arrive ! ». J’avale le meneur des 3h15 puis je fonds sur JD.
Je me prends même à rêver : et si c’était mon jour ?
Je décroche JD et je reste facilement avec le groupe des 3h15. Le public est partout nombreux et nous encourage. C’est grisant. Au 14ème km, le premier tiers de la course est avalé en moins d’1h04. Petit calcul : je suis sur les bases de mon record. Et si c’était mon jour ?
Oubliées les belles résolutions de prudence. J’enchaîne les kilomètres

Mais, parce qu’il y a un mais, j’ai un petit coup de moins bien. Le ballon des 3h15 m’a repris et lâché. Je n’insiste pas, il est en avance. J’ai toujours un passage à vide vers le 15ème km. Je ne panique pas, j’attends que ça passe, ça va revenir.

Km 15 – Km 25 : le trou d’air
Je commence à avoir mal aux jambes. C’est tôt, beaucoup trop tôt. En quelques kilomètres, je suis passé d’un peu d’euphorie à une grande crainte. Est-ce que je ne vais pas revivre l’enfer du marathon de Rennes ?
La peur est revenue. La panique même n’est pas loin. Je freine, j’essaye de m’installer dans une allure de confort. J’ai presque renoncé à mon marathon.
La peur est là. Je vais revivre Rennes, 25 bornes d’enfer, un vrai chemin de croix !
Je ne pense qu’à mes jambes que je sens durcir. La tête a lâchée. Incroyable, en 3-4 km, c’est terminé du chrono : plus d’objectif sauf aller au bout. Sans marcher ! « Parce que si tu marches, t’es pas marathonien ». C’est quasiment devenu ma devise. J’en arrive malgré tout à douter de la suivre.

Heureusement, je me reprends. Penser positif. Je suis à une allure confortable. Physiquement, je ne souffre pas, pas encore. Je pense à tous ces entraînements, à la sortie longue avec les copains : 27 km avalés presque avec aisance. Je ne vais pas craquer après moins de 20 !
Je pense à ceux qui aimeraient avoir mal aux jambes mais qui ne peuvent pas courir. Profiter du moment, ne pas gâcher ma chance, c’est là qu’est la clé.
Peu à peu, la peur s’est dissoute. C’est une telle fête dans les rues que ce serait dommage de passer à côté.

Mon voyage intérieur m’a aidé. Le semi est passé en 1h37. Je sais que je vais ralentir, mais j’arrive à ne pas m’en préoccuper. Peu après, je suis repris par Jean-Daniel et Patrice. Ils m’encouragent. Jean-Daniel essaye longuement de m’emmener, mais je le laisse filer. Dans ma tête, la course est finie, je ne veux pas me mettre en souffrance. Pas déjà, pas aussi tôt.

Km 25 – Km 30 : Ca repart
J’avais repéré le panneau du km 25 la veille. Il est au pied du pont Erasmus que nous empruntons en sens inverse du départ. Retour vers le centre-ville. Il y a beaucoup de spectateurs. Il fait beau, le public est enthousiaste. Je ralentis dans la montée et je relance un tout petit peu dans la descente.
Pour la première fois depuis 10 km, je remarque que je ne me fais plus trop doubler. Je commence même à reprendre quelques coureurs.
Je suis dans le flux. C’est bon pour le moral. Inévitablement, je fais le parallèle avec Rennes où j’ai eu l’impression de me faire doubler pendant toute le 2ème semi.
A Rennes, au 24ème j’avais démissionné du marathon, j’étais passé en footing, juste pour finir. Aujourd’hui j’ai ralenti mais pas abdiqué. Je commence à revivre mon marathon.
Le public est encore plus dense, nous sommes à 2 pas de l’auberge de jeunesse. J’aperçois un groupe de filles du club qui ont terminé le 10 km. Elles sont euphoriques, leurs encouragements font du bien. J’aperçois aussi Olivier qui a visiblement abandonné. Je n’envisage même pas une seconde d’en faire de même. Je suis de retour, je suis marathonien ! Je ne lâcherai pas.
Nous passons sur la zone de départ qui est aussi la zone d’arrivée. Très grosse ambiance. Les sonos crachent de la techno à fond, le public est en folie. Les kilomètres défilent vite.
A la faveur d’un passage en épingle à cheveu, j’aperçois JD. Une fois passée un tunnel assourdissant (Au moins 20 batteurs tapent sur des tambours), je suis à sa hauteur. « J’ai explosé, la fin va être très longue » me dit-il. Voilà qui achève de me relancer. Je ne pense pas à la fin, je suis dans mon marathon, je vais me battre !
D’autant que nous longeons la course en sens inverse, ça me distrait. Je regarde la tête de course en face. Je guette les copains du club.
Rapide calcul : c’est un peu trop tôt. Juste avant que nos chemins se séparent, j’aperçois Frankie ! Je l’encourage fort. Il est dans le dur, il n’a pas la force de me faire signe. Je passe le km30.

Km 30 – Km 39 : Je suis marathonien
Nous voilà seuls, la route entre dans un bois. Le public est plus clairsemé mais toujours motivé.
Retour dans ma bulle, je suis seul avec moi-même. Enfin, seul, je double maintenant bien plus que je ne suis doublé. C’est grisant. Je repère des coureurs (enfin, souvent des coureuses, je l’avoue) au loin et je les rattrape petit à petit.
Il y a pas mal de coureurs aux postes médicaux. C’est qu’il commence à faire chaud. C’est le printemps, j’aurai aimé qu’il attende un jour de plus pour arriver. Je fais toujours le parallèle avec le marathon de Rennes : Km 30 : je suis mieux ! Km 32 : je suis encore bien, rien à voir avec ma dérive 5 mois plus tôt !

Au km 33, virage à droite à 90° : mauvaise surprise : le vent de face ! Là encore, voilà qui me ramène 5 mois en arrière, Plaine de Baud. Mais cette fois encore, la comparaison s’arrête là : je suis encore dans le marathon. J’ai même du plaisir à être ainsi dans la bagarre avec moi-même. Avec mes jambes qui souffrent et la petite voix, tout au fond qui me dit que je pourrais m’arrêter. Cette fois, les pensées négatives restent discrètes ! Non je n’arrêterais pas et je ne ralentirais pas non plus.
La fête est trop belle. Le public se fait de nouveau plus nombreux, on passe dans les quartiers qui jouxtent le bois. C’est très chaleureux, tout le monde est descendu encourager les marathoniens. Plusieurs fois, je remarque des familles qui ont prévu un stock d’oranges ou de bananes et qui les distribuent aux coureurs.

Loin devant, j’ai repéré le maillot rouge de Patrice. Je me rapproche petit à petit, jusqu’à le rattraper. Je lui lance « Ca me rappelle une sortie longue il y a 3 semaines ». Déjà il m’avait lâché et j’étais revenu sur la fin. Après quelques mots, je file.

Km 35, 36, 37. Je suis dans le dur, je pioche un peu. Mais je ne subis pas. Dans la souffrance, il y a un plaisir immense. Je suis dans la course, pas à côté à constater ma dérive comme à Rennes.
J’attends avec impatience le km 39, quand nous retrouverons la course en sens inverse.
Plus que 5. Dans moins de 30 mn, je serai arrivé. Je m’accroche. Le public redevient dense, gagne sur la route, l’ambiance monte. Quelle chance d’être là !

Virage à gauche : Km 39, Voilà, j’y suis. Je comprends pourquoi Frankie était dans le dur : on reprend le vent de face !
Dix mètres devant moi, encore un maillot de la JA ! Alain, complètement à la dérive. Je le voyais si fort à l’entraînement, tellement à l’aise. J’ai de la peine pour lui. Je le prends par les épaules. « Je comprends ce que tu as vécu à Rennes » me dit-il. J’imagine sa détresse.

Km 39 – Arrivée : Grandiose
 
Allez, plus que 3 km. Bien sûr, j’aimerai que ça s’arrête là, mais j’ai connu tellement pire. Je fais la paix avec le marathon. C’est dur, mais j’en suis capable. J’en courrais d’autres des marathons, pleins.
Je croise les meneurs des 4h30. Je n’ai pas le droit de me plaindre, j’ai presque terminé, il leur reste plus de 12 km.
J’accélère peu à peu. Km 40, 3h12, le temps de mon record. Là il me reste encore 2 km. Ce n’est pas grave, j’irai le chercher un autre jour.
Juste après, Bénédicte est là avec Françoise. J’ose même un sourire.
J’accélère encore. Il reste quoi ? 5 tours de piste. Je vais avaler ça.
41. J’attaque le dernier. Encore un groupe de supporters, je reconnais Pierrick et Maël.
Les organisateurs ont eu la bonne idée (certains apprécieront moins) de marquer au sol le décompte final : 1000m (je pense à Thierry à Cheverny), 500m, 400, 350, 300, …
Virage à droite : Dernière ligne droite. Les sonos sont à fond, le public hurle. J’ai les poils qui se dressent. J’ai même quelques larmes d’émotion.
 
Tout à coup, sorti de nulle part, Lolo m’attrape par le cou. Il met le feu au public. Punaise, quel final ! Je ne touche plus terre. C’est certainement une de mes plus belles émotions de sportif.
A 50m de l’arrivée, Lolo disparait comme il était venu. Je passe la ligne : 3h23’30’’ ! J’apprendrais plus tard qu’il a fait le show pendant 15mn avant de passer l’arrivée.

Je suis marathonien ! Je suis fier. J’ai vaincu ma peur, j’ai fait la paix avec la distance. Nous nous reverrons ! Je reviendrai à Rotterdam, profiter de cette ambiance !

Le meilleur reste à venir : retrouver les copains. J’attends Alain, il le mérite, je sais ce qu’il vient de vivre.
Nous serons rejoints par Thierry, mon pote, mon frère qui est heureux comme un gosse de simplement terminer. Le chrono ? Une autre fois. Nous sommes heureux et fiers !

A l’auberge à l’heure de la bière, au micro dans le car sur le trajet du retour, tout le monde est heureux. Peu ont battu leur record. Certains ont vécu l’enfer. Pourtant nous sommes tous ensemble, heureux d’avoir partagé une course extraordinaire. Personne pour faire la tête en regrettant une course ratée.
La course à pied est un sport d’équipe. Et je suis fier de mon équipe ! C’est un privilège de vivre ces moments !
Ces 3 jours vont durer des semaines, des mois dans nos souvenirs. On en parlera au stade, à boire une bière en terrasse aux beaux jours et même aux « goûters de la JA », dans la boue après les cross.

Avis aux absents, on parle déjà de remettre ça, peut-être à Amsterdam, dans 1 an et demi. Sûr que ceux de Rotterdam viendront ! Il paraît même que ma chérie se laisserait tenter par un marathon…

Bruno – Nouvoitou – 29 avril 2013