samedi 29 septembre 2012

CR Ultra trail de Belle ile 2012 par Philippe Morin



Je me suis inscrit à Belle Ile le 1er janvier 2012, c’était mon objectif de l’année.

En préparation
: En avril 2012 je fais le Trail de Guerlédan, je prends le départ avec Fred (un coureur d’acigné) qui m’apprend à partir très lentement il arrête aux 24 km et me dit d’attendre le 40ème avant d’accélérer. Je m’exécute et termine bien, mais une tendinite s’installe, séances de kiné basiques ne changent rien. Je fais donc une échographie : tendinite avec nodule, verdict du médecin arrêt total.

Stage de regroupement du Club au mois de juin, je pars sans mes affaires j’accompagne Isabelle, le moral est en berne. Rdv acigné avec Thierry Collen et Thierry Dehais (Titi pour les intimes) que je ne connais pas, on rejoint le groupe à l’entrée de RENNES , début de discussion avec Titi , j’écoute, et convaincu par son expérience, je décide d’aller chercher mes affaires. Nous arrivons au stage avec quelques minutes de retard.

Il faut que je m’habitue à courir avec ma tendinite sans que la douleur s’accentue ; effectivement à la fin du stage la douleur est stable. Lors de ce stage les échanges ont été nombreux et constructifs, ce club ayant un nombre important d’entraîneurs… j’ai beaucoup appris et discuté pendant ce stage.

A la suite de ce week-end je continue donc à m’entraîner et change de Kiné (je vais chez celui de TITI), la prise en charge est globale, exercices à faire tous les soirs, diététique etc….. La douleur disparaît doucement mais sûrement et je décide donc mi juillet de maintenir mon objectif.

La préparation s’accentue, un peu perdu dans la quantité et qualité des séances je demande à Titi des conseils qu’il acceptera de me donner. Sans lui c’est sûr, les bêtises auraient été nombreuses...et Belle Ile impossible, j’apprends beaucoup tant sur le plan de la Fc que la récupération et renforcement musculaire.

La préparation a été courte mais intensive, exemple : la dernière semaine du mois d’août : vacances en montagne, ça m’a permis de faire un gros volume, avec un enchaînement le week end suivant 1h20 le samedi, le semi de la Guerche le dimanche en 1.31 sous la chaleur, et le lendemain matin une séance d 1H20 à jeun à 5 H (le jour de ma reprise de travail) et même pas mal !. A ce moment la, je commence à y croire, la fatigue commence à faire surface, mais le volume des entraînements diminuera les deux dernières semaines.

11 H00 le vendredi 21 septembre départ pour Belle Ile (avec Loic et Lionel des coureurs d’Acigné).

Il pleut toute la journée, nous arrivons au mobil home trempés il faut faire sécher les affaires, les sacs n’ont pas résisté, la météo pour le lendemain est bonne 18° Maxi et surtout sans pluie, on a du mal à y croire.

 Debout à 5 H, après une soirée tranquille, je n’ai rien changé à mes habitudes alimentaires la nuit a été bonne, je me sens plutôt en forme, il ne pleut plus. Je me rappelle les derniers conseils de titi (fc maxi à 141 jusqu’au 58ème) et tu n’auras mal qu’à un seul endroit à la fois (ça me fait sourire mais cette phrase reste dans ma tête).

Le départ est donné à 7h au son de la corne de brume et au milieu des feux de Bengale, je suis prudent. Nous quittons assez vite les ruelles éclairées du palais pour nous engouffrer dans la nuit noire. Je fais gaffe où je mets les pieds. Nous quittons les fortifications par un large chemin à découvert où la frontale n'est déjà plus trop nécessaire. Puis très vite nous empruntons le premier sentier côtier tandis que le soleil se lève. Loic reste avec moi, j’ai les yeux rivés sur le cardio j’ai peur de m’emballer je me retrouve en fin de peloton comme à Guerlédan, je m’affole pas et je reste concentré, Loic accélère peu à peu je lui dis de faire sa course et surtout ne pas m’attendre. Il s’en va je ne le reverrai plus.

Je discute avec Sévérine (respect elle finira en 10h30) et d’autres coureurs, mais après plusieurs contrôles ma Fc n’est pas stable, pas bon du tout d’après Titi la clé de la réussite est la FC doit restée basse et stable surtout au départ, je décide donc de m’isoler.

9h00 Locmaria : le premier ravitaillement du parcours se trouve dans ce petit village du Sud de l'île, au sommet d'une petite côte goudronnée. Ca fait déjà 17km que nous sommes partis, toujours en forme et heureux, je rempli ma poche d’eau (1.5l) et mes deux bouteilles de 25 cl, je prends rien en solide.



 Les paysages sont magnifiques, j’ai du mal à croire à certains moments être en Bretagne. Peut-être le fait de courir au bord de l'océan et de voir le soleil se lever je ne vois pas les kilomètres ni le temps s’écouler. Le terrain devient plus roulant davantage de chemin ; je profite des paysages et prends même des photos, je commence à doubler des coureurs, certains marchent déjà, je profite d'un moment de répit sur la route pour appeler Isabelle et lui indiquer ma position elle me confirme qu’elle sera présente à Bangor au 38ème.

Il faut rentrer dans les terres pour atteindre le 2ème ravito dans le petit village de BANGOR, Isa est là elle m’aide à remplir ma poche d’eau et m’indique que je suis 105ème. Je mange un peu, une photo et je repars avec ses encouragements. Je repars seul en continuant de bien m'hydrater pour essayer de garder mes jambes. Le retour vers le sentier côtier se fait en forêt. Par moment nous traversons de toutes petites plages de sable.

A Port Coton le tracé rentre dans les terres d'abord sur un chemin agricole tout droit en direction du Grand Phare puis sur des petites routes goudronnées, je commence à trouver le temps long ce profil plat me convient bien et je double pas mal de coureurs, ma FC reste stable (ma règle d’or) et les kilomètres défilent tout de même bien. Et surprise à la sortie d'un virage, vers la plage du Donnant j’aperçois Thierry et Murielle Marc et Luidivine (la fille de Lionel inscrit sur le 45) ça fait du bien de les voir ! Isabelle est absente elle s’est trompée de route (quand je dis qu'elle peut se perdre dans une cabine téléphonique !) ils me rassurent en me disant qu'elle sera à Sauzon.



 Apothicairerie : Le ravito du 58ème km est le bienvenu car j'ai besoin de faire le plein d’eau, je m’hydrate beaucoup je pense à Titi qui m’a répéter que l’hydratation était primordiale ; ca c’est pas mal, par contre manger devient un problème, plus rien ne passe. Mais très vite l'envie d'aller au bout de cette boucle belliloise reprend le dessus. Je commence à fatiguer je sors mon MP3 pour rentrer dans ma bulle.



 Le passage dans le port de Sauzon n'est que pur bonheur ! C’est comme sur les cartes postales je vais retrouver ma douce, ouf elle là. Je leur fait part que je commence à être dans le dur : je n'ai pas faim et je voulais me contenter de remplir ma poche et mes bouteilles. Mais là rappel à l’ordre d’Isabelle (je saurais à l’arrivée qu’elle était en contact avec Titi), il faut que tu manges, Thierry insiste me dit de prendre mon temps, il m’informe que je suis dans les 40. Étonné de ma remontée, je les écoute et repars en marchant afin de finir de manger (une tranche de pain d’épice et un bout de banane, un grand festin pour un samedi midi !) puis je reprends mon p'tit rythme de croisière.

Encore une belle petite bosse à la sortie de Sauzon que je grimpe en marchant et profite d’une autre bonne nouvelle, avant le ravito je devais manquer de lucidité je pensais qu’il me restait 20 km, alors que dans les faits il ne m’en reste que 12 km, bordel je vais le finir c’est sûr. (Ce ravito m’a fait un bien énorme)

 Mais au pied d'une belle côte bien raide, le mental s’écroule, et petit gars ce n’est pas fini il y a encore de grosses difficultés. (La phrase de titi dans la tête, effectivement je n’ai mal qu’un seul endroit à la fois)

 Les sentiments se mélangent, j'ai envie d'en terminer mais en même temps je veux savourer et prendre le temps de contempler le paysage. Le sentier côtier est magnifique et la vue sur l'océan tout aussi belle.



Parfois le moral est de nouveau au beau fixe, je vais boucler la boucle et faire un joli classement.
 Les 7 derniers kilomètres sont pénibles, « ça commence à tirer sur la couâine » (ça fait rire les Collen) ! J’arrive enfin à côté du sémaphore et découvre enfin les murs de la citadelle, signe d'une arrivée très proche. Enfin le voilà le chemin puis la traversée à l'intérieur du fort. Mentalement je l'avais préparé ce moment et pas grand chose n'aurait pu m'empêcher de le vivre. Une fois la porte Vauban passée il ne me reste plus qu'à me laisser descendre vers la place centrale. Thierry Murielle Marc et Isabelle sont là à 20 m de l’arrivée. L’émotion est trop forte, je fonds en larmes à l’arrivée incapable de parler et dire un mot au micro du speaker.

Je passe sous l'arche d'arrivée après 83km et presque 2 000 m de dénivelé en 9h15, à la 35ème place derrière du beau monde d’après TITI. Isabelle vient me féliciter je la remercie, ce genre d’épreuve ne peut pas se faire sans le consentement et la participation de sa compagne. Je ne finis pas premier mais sans doute un des plus heureux.

 Je remercierais jamais assez la JA Melesse, en autre Thierry C, ils m’ont fait découvrir l'entrainement à la FC, (pourtant Mme m’énervait à s’entraîner toujours avec son cardio !) et j’en suis devenu adepte.

 Je retrouve Loic qui termine en 29ème position en 8H55 bravo, il fait une grosse saison ! Lionel est arrivé lui aussi du 45 km (malgré une préparation stoppée par une blessure), nous décidons de ne pas aller au repas organisé, nous rentrons au mobil –home, Isabelle et Murielle font les courses pendant que nous profitons des kinés. La soirée fut un peu arrosée et très conviviale, nous étions 8 au total. Une belle et très heureuse journée.

Un grand merci à tous ceux qui m’ont soutenu et particulièrement à Titi, sans lui c’est sur, Belle ile c’était niet. Ce que je retiendrai c’est que rien n’est jamais gagné mais jamais définitif non plus. Il y a 3 mois on m’interdisait de courir…..

 Un beau week end, le fait de partir en groupe détend l’atmosphère, être accompagné sur le parcours est un grand +.Je vous donne Rdv en 2014, belle ile c’est tous les 2 ans et y en a pour tout le monde, un 13, 45, ou 83 km avis aux amateurs !

 Merci d’avoir lu jusqu’au bout.

mardi 11 septembre 2012

Benoît Blanchard au GRP 80

Cinq ans après ma première Diagonale des Fous, et comme nous nous l’étions promis avec les copains qui m’avaient déjà accompagné à l’époque, nous retournons à la Réunion pour la 20ème édition. Cette année, le parcours est annoncé comme le plus long et le plus difficile de l’histoire de l’épreuve : 170 km, 10000 mètres de dénivelé positif. Pour espérer avoir une chance d’aller au bout de ce monument de l’ultra trail, il est indispensable de se préparer convenablement. C’est pourquoi nous avions inclus dans notre planning le 80 km du Grand Raid des Pyrénées en guise de validation de la première partie de notre préparation.
Nous sommes donc partis à 4 (sur les 5 qui composeront notre équipe à la Réunion) pour Vielle Aure en « opération commando » : départ le jeudi après le boulot, étape le soir chez le 5ème larron en Vendée (qui participe ainsi à sa façon à la course de prépa), sur la route des Pyrénées, puis fin du trajet le vendredi. On monte la tente, on retire les dossards, on boit une bière, on va au briefing, on fait la course, on boit une autre bière et on rentre dimanche.
La course débute donc réellement par le briefing, lors duquel les consignes de sécurité nous sont rappelées, l’heure de départ (5h) nous est confirmée, tout comme le passage au Pic du Midi. Effectivement, certains coureurs du 160 km ont été empêchés par l’organisation de le gravir, en raison de conditions climatiques un peu limite (trop de vent notamment). Nous voilà rassurés, nous ferons la course dans sa totalité, et non pas un parcours tronqué comme cela aurait pu être le cas sans que nous ne puissions rien y faire.
Il est ensuite temps de vérifier que tout est OK dans le sac (nous avons dû montrer tout notre matériel obligatoire lors du retrait des dossards, mais on n’est jamais trop prudents…), puis après un rapide repas, et un réglage des montres à 3h30, on se couche. Après une nuit courte mais tranquille, nous nous affairons autour de la tente et il est rapidement 4h30, sachant que nous sommes à 1 km du départ, et qu’il faut pointer avant de se mettre sur la ligne, il est grand temps de se mettre en route. C’est donc à 4h48 que nous validons notre présence sur la ligne de départ, sans doute parmi les derniers… J’abandonne là mes camarades après leur avoir souhaité bonne chance, et leur avoir donné mes dernières consignes du « gars qui a déjà fait la course l’année d’avant », je me rapproche « un peu » de l’avant, je partirai cependant d’assez loin. Mes 3 potes comptent rester ensemble le plus longtemps possible, cette course n’étant qu’un entraînement. Le départ est rapidement donné, et nous partons dans la nuit courir quelques hectomètres plats sur la route avant d’attaquer les chemins pentus. Je reste très tranquille, malgré cela, je remonte tranquillement quelques coureurs. Nous arrivons à Vignec, et les choses sérieuses commencent : la route s’élève subitement, puis devient un chemin, et c’est parti pour quelques heures loin de tout dans la montagne. Je ne suis manifestement pas avec les gens de mon niveau, je reste facile et pourtant je ne fais que doubler. Je me méfie de mes sensations, j’ai l’impression que ce n’est pas normal, mais la différence d’allure entre moi et mes voisins est trop importante : je fais ma course et j’attends de rejoindre des coureurs de mon niveau.
Puisque l’organisation de la Diagonale des Fous interdit l’usage des bâtons, nous avons choisi de nous en passer aussi au GRP. Très rapidement, je me rends compte qu’ils ne manquent absolument pas, et ce sera le cas toute la journée. Tant mieux. En revanche, j’ai failli plusieurs fois me faire embrocher ou éborgner par des concurrents ayant des gestes un peu larges avec leurs pointes tendues vers l’arrière ou les côtés…
Je finis par arriver au col de Portet, à 2215 mètres d’altitude, au bout de 12 km de course, il fait bien froid, on ne s’attarde pas, malgré les valeureux supporters présents ici cette heure matinale. Le premier ravitaillement est juste en contrebas, au restaurant Merlans. Je pointe en 2h18’ (et en 150ème position, mais je ne le savais pas sur le moment), l’an dernier j’ai mis 14’ de moins. Je ne suis donc pas parti en surrégime. Je prends le temps de prendre un peu de jambon, d’abricots secs, de remplir mes bidons et c’est reparti. Arrêt aux stands : 3’ chrono. Je me rappelle aussi que l’an dernier j’avais pris un gros coup de moins bien sur la partie nous menant au col de Bastanet, soit immédiatement après le ravito, je repars donc en douceur afin de ne pas brusquer la machine qui a l’air de fonctionner correctement pour le moment, même si je pensais être un peu plus rapide.
Dans la montée vers le col de Bastanet

Le jour est maintenant bien levé, je sais qu’on arrive dans un secteur que je vais moyennement aimer : il y a beaucoup de cailloux… Et il va donc devenir plus difficile de courir, les pieds montagnards seront avantagés par rapport aux pieds Morbihannais. Mais je suis là pour ça. A la Réunion, ce sera pire ! Alors, en avant.
J’ai le plaisir de croiser le chemin de deux lièvres guère émus par ma présence puisqu’ils me laissent le temps de sortir mon appareil photo pour immortaliser notre rencontre :



Et on traverse des paysages toujours aussi beaux, avec une magnifique mer de nuages à l’horizon (profitez des photos, le temps s’est gâté par la suite, et il n’y en aura plus !) :



Et le col de Bastanet se dévoile au fond de l’image (comme vous pouvez le constater, il y a vraiment beaucoup de cailloux) :


Au passage du col (2507m, 19,2km parcourus) c’est la fête, nous sommes acclamés par des supporters très en forme, merci à eux, ils nous ont donné bien du courage pour la descente qui allait suivre :
Passage du col de Bastanet
Après le col, le paysage n’est toujours pas moche, je vous laisse en juger par vous-mêmes :


La seule chose qui me gêne un peu, ce sont ces sempiternels cailloux :



Je suis donc prudent au début de la descente vers Artigues, je m’étais ouvert le genou sur un caillou plus agressif que les autres l’an dernier. Le chemin finit par devenir un peu plus roulant, et j’en profite pour accélérer un peu. Je suis mauvais sur les parties techniques, je n’ai gagné quelques places qu’à la faveur de la dernière partie de la descente que j’ai effectuée quelques mètres derrière une concurrente qui avait l’air de s’y connaître. J’ai donc essayé autant que possible de poser mes pieds aux mêmes endroits qu’elle, et ça n’a pas trop mal fonctionné. Merci Olivia (c’était le prénom inscrit sur son sac à dos en tous les cas). C’est ainsi que j’arrive au ravito d’Artigues, en 5h… Eh bien on ne peut pas me reprocher d’être parti trop vite : je suis 25’ plus lent que l’an dernier. Et j’apprends à l’occasion de ce ravitaillement une bénévole annoncer que nous sommes environ 150 à avoir pointé (je suis en fait 135ème à ce moment là). Je suis un peu déçu, je prends conscience du fait que mon départ est vraiment moyen. OK c’est une course de préparation, mais ce n’est pas non plus une promenade. Je prends toutefois le temps de correctement me ravitailler, puisque le programme des festivités est le suivant : nous partons d’Artigues à 1190m d’altitude pour monter d’une traite au col de Sencours, 1200m plus haut, puis au Pic du Midi, qui culmine à 2876m. Et le début de l’ascension, le long des cascades d’Arize, est redoutable, comme vous pouvez le constater (ou pas) sur cette photo :

Je pars donc d’un bon pas à l’assaut du col de Sencours, et je me rends rapidement compte que j’ai des jambes de feu. Je me sens extraordinairement bien, et je dépose immédiatement tous les coureurs que je rattrape. Cela va durer pratiquement toute la montée, je me suis d’ailleurs forcé à tempérer mes ardeurs, et j’ai géré au cardio afin de ne pas trop me cramer sur ce moment d’euphorie. Le chemin est pentu, mais roulant, et ça me convient tout à fait. Je fait quelques rencontres :
Mais rien ne peut me détourner de mon but : le Pic du Midi. Enfin, presque rien. Un ravitaillement parviendra à me distraire quelques instants :





Je suis déjà au col de Sencours. La montée s’est très bien déroulée, il me reste à faire l’aller retour vers le Pic et je pourrai ensuite dévaler vers Tournaboup. Je me ravitaille avec soin, je remercie à cette occasion les chaleureux bénévoles qui se plient en 4 pour nous, malgré les conditions parfois difficiles. Vous avez vu ces sourires ? Ça vous requinque autant qu’un bout de saucisson et un verre de coca.
Allez, il est temps de s’attaquer au Pic du Midi. Je ne le verrai point, perdu qu’il est dans les nuages.



La visibilité s’est considérablement détériorée au fil de la montée vers le Sencours, et même au sommet je ne voyais qu’à quelques mètres (C’est bon, vous avez compris qu’il n’y aura plus beaucoup de photos à partir de maintenant ?). Dommage. Le début de la montée est peu pentu et malgré mon état physique satisfaisant, je n’avance pas très vite. Avec le recul, je pense que j’aurais peut-être dû essayer de courir sur quelques sections, cela devait être possible. Mais mon moral est au top, l’altimètre m’indique précisément combien il me reste à monter, je sais où j’en suis. La fin de l’ascension est plus caillouteuse et surtout beaucoup plus pentue, mais pas de problème. Je pointe en 7h38 et en 78ème position. Ce classement valide ma belle montée : j’ai gagné 57 places entre Artigues et le Pic. Nous sommes maintenant à mi-course, mais le gros du dénivelé est fait. C’est parti pour la descente vers Tournaboup : 10km et 1500m de dénivelé négatif. Le chemin est facile, j’ai couru tout le long. Je me suis juste arrêté un instant pour faire ce que j’ai cru être de la photo d’art (croyant capter la poésie de la brume flottant sur un lac, mais en fait ça ne rend pas grand-chose…) :


Bref. Descente facile, sans histoire, j’arrive à Tournaboup en 8h43 (70ème). Déjà 50 km au compteur. J’ai un petit coup de mou à ce moment, je reste un peu plus longtemps que prévu au ravito. Comme d’habitude, remplissage des bidons, poudre de perlimpinpin, jambon et abricots secs. Une belle satisfaction sur cette course : ma gestion de l’alimentation. Aucun problème de ce côté-là, prévoir à l’avance la quantité à boire entre deux points d’eau, les petites portions de poudre pré dosées dans des sacs de congélation, et respecter ce planning, y’a pas à dire : ça aide. Je suis resté 8 minutes sur ce ravito, et je pars en direction du col de Barèges. Je sais déjà que je ne vais pas aimer cette portion. Je sais que la montée est interminable, caillouteuse et je ne vais pas être déçu. Je pense que pour une fois, l’expérience du parcours m’a été défavorable : j’ai amplifié la difficulté qui m’attendait, et je ne me suis pas « révolté ». J’ai baissé la tête en attendant que ça passe. Tout du moins jusqu’à la cabane d’Aygues Cluses. Je remplis encore mes bidons, et je me décide à jeter un œil sur un plan de route en 13h30 que je m’étais concocté (temps tout à fait irréaliste, mais je savais que si j’étais en avance sur ce plan, c’était forcément que je devais ralentir. C’est bizarre, mais je me comprends), et je me rends compte que je n’ai « que » 25’ de retard. Alors que je me sentais un peu dans le mou, tout est encore possible ! Je suis au pied d’un mur, mais je repars tout revigoré. J’essaie d’avaler un Grany dans la montée qui suit la cabane, mais j’ai tellement besoin d’air (oui , là j’étais à bloc) que je suis incapable de l’avaler, je ne peux pas mâcher, je dois garder la bouche ouverte. Je renonce. J’ai offert mon Grany à mon sac. Il en a bien voulu lui.
Le temps se gâte de plus en plus, je commence à avoir froid, et au passage du col (respect aux bénévoles qui étaient là, les conditions étaient bien pourries…), j’enfile la veste imperméable pour la descente. J’ai bien dû perdre 3’ tellement j’étais malhabile, mais bon. Maintenant je n’ai plus froid et je suis au sec. Col de Barèges : km 58, altitude 2469m. Ça c’est fait.
La descente qui suit est agréable, mais je ne cours pas autant que je voudrais. J’atteins avec grand plaisir le pied de la dernière montée, je le signale d’ailleurs au coureur qui m’accompagne à ce moment là : « c’est la dernière montée de la journée ! ». Et à sa réponse (« ouais, enfin, on monte jusqu’au col de Portet là quand même »), je devine qu’il ne va pas résister à mon rythme infernal dans les pentes. Et c’est le cas. Mais mon rythme, même s’il me va bien, n’a rien d’infernal. Je suis juste régulier, et j’ai la satisfaction de réussir à courir très proprement dès que la pente le permet. J’arrive rapidement au dernier pointage (qui était également le premier ce matin) : le restaurant Merlans. 12h21, 68ème. Je ne m’éternise pas, autant finir vite, et je commence à me demander si je peux encore passer sous les 14 heures… Je passe le col de Portet, et ensuite, c’est la descente à tombeau ouvert vers Vielle Aure. Mes cuisses me font mal, mais je sais que je ne dois rien lâcher si je veux arriver avant 19h et donc les 14 heures de course. Je suis vraiment à fond, je suis à peine distrait dans le bois qui descend vers Vignec par une vache qui vient de ma droite, qui court pendant une centaine de mètres devant moi et qui plonge droit dans la pente sur ma gauche pour rejoindre ses copines en contrebas. J’ai cru rêver… Je regarde ma montre, mon altimètre, et les minutes défilent plus vite que les mètres de dénivelé. Ça va être tendu ! J’arrive enfin auprès de l’église de Vignec, je demande au gens qui m’applaudissent quelle distance il reste : « pas plus d’un kilomètre ! ». J’ai 6 minutes 30 devant moi. J’espère qu’ils ne se trompent pas… J’arrive au rond point, je repose la même question : « encore 500 mètres, ça ne fait que descendre ! ». Encore 4 minutes 15. Normalement c’est bon. Je suis à bloc, j’ai mal partout, mais j’y arrive.

Il reste un dernier obstacle à franchir : le speaker. Il essaie de m’attraper au passage, mais je sais que le chrono ne s’arrête qu’à l’arche verte, 20 mètres plus loin, je le snobe donc magnifiquement (je n’avais rien d’intéressant à lui dire, c’est pour ça) et je vais valider mes 13h57’57’’ qui me satisfont pleinement, tout comme ma 63ème place, inespérée au départ.
Charlie, le coach, est là avec Jean Lou, il est tout épaté de me voir déjà à l’arrivée, et j’arrive à lui extorquer une bière en lui faisant croire que je l’ai bien méritée, ce qu’il fait semblant d’accepter. Merci Charlie et Jean-Lou, la bière m’a fait du bien au corps, et les compliments que vous m’avez faits à ce moment là m’ont fait chaud au cœur !
Rendez-vous en octobre pour la Diagonale des Fous…