mercredi 30 septembre 2009

CR du marathon de Berlin par Karim : un battant !

Karim nous a envoyé un Cr de son marathon à Berlin. Attention, il est probable qu'un frisson vous parcourt l'échine à la lecture ;-)

Voici un petit compte rendu de ma course à Berlin.
Je n'ai vraiment pas eu le temps de m'en occuper avant. Mais toute course mérite d'être humblement contée.

Berlin, enfin.
Un an que j'attendais ce moment.
En-effet, je pensais sérieusement à remettre le couvert pour l'édition 2009.
Je repense à ce midi d'un 24 dec. 2008 alors que je me changeais vite fait pour aller courir avec les copains au stade. Et v'la que la Céline se trémoussait devant moi avec une enveloppe cadeau...le p'tit cadeau avant l'heure...pfff...
D'ailleurs j'ai horreur, de tous les flonflons, de la valse musette et de l'accordéon !
Mais bon j'ouvre l'enveloppe car elle insistait en tournant autour de moi comme un prédateur autour de sa proie. Une impression de déjà-vu...pour sûr que j'avais déjà vécu ce moment il n'y a pas si longtemps.
Le cadeau ? Un test de grossesse...Mince.
Positif le test...Re-Mince...

Un coureur comme moi ? Un Junkie de la course à pied je vous dis. Car pendant 1/10ème de seconde, avant de me laisser submerger par le bonheur d'être à nouveau papa j'ai dû refaire rapidos mon agenda des courses pour 2009.
Un rapide calcul...24 dec...x+y=...Berlin, ça le fera !
Poil aux doigts.

Toute une saison basée sur le court, avec pour seul objectif: Berlin.
Berlin, j'adore. J'adore le marathon, la ville, l'atmosphère, son histoire, ses bières et son pain de chez Wiedermann.
Berlin, ville fluide.

Une organisation béton. Cette année le retrait des dossards s'effectuait à Tempelhof Flug-Haffen, l'ancien aéroport récemment fermé. Encore un endroit si riche en histoire. Impossible de rester indifférent. Vite vite le temps passe, je vous passe sous silence les détails où je reste dans ma bulle, face à moi même, mon gatosport et mes chaussettes qui puent.

Dimanche matin, sur la ligne de départ je suis fin prêt. Tout roule pour moi.
Les Kényans et Ethiopiens font leur entrée dans le SAS Elite et à nouveau nous leur donnons l'ovation qu'ils méritent.
A mes côtés, à nouveau, une bande de cul-terreux francophones fiers d'être
rentrés en douce dans le SAS préferentiel.
Et puis le départ est donné, vive Berlin !
Poil aux mains.

Je vais faire court. J'ai été très bien sur 24km, comme d'habitude un métronome parfait.
Je ne rigole pas avec les temps de passage moi.
Mais des choses m'ont gêné. J'étais souvent très seul. Le sort qui s'abat sur moi. Des groupes qui évoluaient à la même allure que moi étaient soit 50m devant moi, ou 50m derrière.
50 m c'est quoi ? C'est rien ? Mais à allure marathon c'est un gouffre que je n'essaye pas de braver.


Et au bout de 25km, un point de côté se fait sentir. Je le sens coriace mais ne cesse de positiver.
L'entrainement, les sacrifices, ma Céline, Amelle, le petit Zakarie et ses couches remplies...
Je modifie sensiblement ma rythme de réspiration en expulsant d'avantage par la bouche et ça semble passer.
Je tiens le rythme.
Mais de plus belle la douleur revient, et s'installe confortablement dans le bas ventre.
Là je suis obligé de ralentir ! Non pas que les forces me quittent, mais mécaniquement je ne peux pas tenir l'allure. Je n'arrive pas à y croire. De rage j'ai envie de m'arreter au prochain U-Bahn (NDLR: le métro quoi !) et Rideau.
Mais non, je suis venu comme ça tout seul, pas question de rentrer à poil comme ça.

Un coup d'oeil sur le chrono, pour l'objectif initial c'est mort, inutile de chialer, mais je m'accroche dur comme fer sur un record personnel.
C'est dur. La douleur ne me lâche pas une seule seconde, à chaque respiration, à chaque foulée.
Et quand ca va mal comme ça, ce qui fait la grandeur de ce marathon: la foule, devient une vraie plaie.
Le bruit immense des orchestres, les sifflets des spectateurs, la foule omniprésente devient une perpetuelle agression.
J'ai béni chaque rue résidentielle, beaucoup plus calme, qu'on a pu traverser.
Un peu de calme quoi.

A chaque kilomètre j'ai eu envie d'abandonner. Mais d'abandonner vraiment ! Ce n'est pas comme y songer furtivement pendant quelques secondes. Non là ce fût pendant 14 longs kilomètres.
Au 35ème je rejoins un coureur qui m'avait dépassé et qui s'était placé 50m devant moi pour au final évoluer à la même allure que moi.
On aurait pu courir ensemble...Quel gâchis.
Je le dépasse...car il est au plus mal. Dommage.

Je regarde le chrono: ça va le faire pour le record personnel ! Malgré tout je continue de positiver et de m'accrocher à mon record.
J'ai la tronche déformée par un douloureux rictus mais peu à peu je sens que les choses s'arrangent.
Ca fait déjà quelques kilomètres que je ne tope plus le chrono car ma main gauche reste plaquée sur mon côté droit.

Vèrs le 38ème un coureur anglais me rejoint et me dit de finir ensemble, qu'on va y arriver, on va se battre et se Pacser tous les deux, la totale.
Il prends quelques mètres d'avance mais je m'accroche, et j'essaye de le relancer.
Et soudainement la magie du Marathon me récompense de ce long calvaire et fait disparaitre la douleur.
Je peux enfin reprendre un rythme plus soutenu malgré mes guiboles un peu raides.


Heureux, je peux enfin dévaler sur Leipziger Strasse et Unter Den Linden à "plein régime", puis c'est le passage sous Branderburger Tor et enfin la ligne d'arrivée.
J'ai réussi mon pari, assurer le chrono et un record personnel.
Mais le point de côté à fait des ravages et je suis vraiment sur les rotules.

Au final, je savoure deux fois plus mon résultat car quelque part j'ai éprouvé un certain plaisir à courir et à lutter.
Les déconvenues de ce genre font partie de la course, il s'agit d'une confrontation directe entre le coureur et son corps.
Une baston entre une partie de nous même qui pleure d'envie de s'arrêter et l'autre qui se refuse de lâcher un seul centimètre.

Ma foi, faut peut-être être un peu maso sur les bords.

Bon courage à ceux qui iront mouiller le maillot de la JA à Reims !

Karim

merci au photographe Kristof Berg de Delft Nederlands

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo et merci pour ce CR!

oui, sans doute un peu maso qu'on est!

belle vonnonté et superbe mental!

bonne continuation

jp

plouigneau oxygéne a dit…

non seulement il va vite mais en plus de ça il sait faire des bon petits compte rendu..

tu ne laches rien Karim et je crois qu'on peut prendre exemple sur toi car depuis 2005 tu grimpes,tu grimpes et Tu ne t'arrêtes plus.
encore bravo et encore merci pour ton c.r

michel.v

cedric a dit…

quel recit!!!
tu es un battant,ca c'est clair
bravo et felicitation pour ce chrono dans des conditions difficiles
a plus

Oliv a dit…

quel régal! un chrono qui survie à un point de côté c'est incroyable, finalement tu négocies la douleur comme les bosses hein ? ;-)

Un vrai plaisir de lire tes comptes-rendus.

Mounir a dit…

Quel courage
BRAVO