jeudi 2 décembre 2010

CR marathon Nice Cannes de Thierry Collen

Nice cannes 2010, championnats de France de marathon.

Passé la ligne d’arrivée du France de marathon 2009 à Reims, c’est l’explosion de joie et un nouveau souvenir inoubliable de course : le chrono est au rendez vous, 2h54. C’est 6 minutes de moins que mon précédent record et l’équipe des vétérans de la JA Melesse est championne de France.

Je monte sur le podium avec Patrick Helleux 2h42, Laurent Deshayes 2h36, André Sicot 2h37.

Un an plus tard, direction Nice, plus exactement l’auberge de jeunesse les camélias, notre camp de base situé à quelques centaines de mètres de la promenade des anglais et du départ du championnat de France de marathon 2010.
J’aime tellement cette ambiance lors des départs groupés sur les courses. A l’appel :Bruno Rageau, Dédé Sicot, Laurent Deshayes, Franck Poirier, Cédric Faucon, David Rouaux, Sullivan Fournet pour la JA Melesse et un invité de grande renommée André Lambert de la vigilante de Fougères. Nous retrouverons Philippe Lorent de la JA Melesse directement sur Nice. Sacré casting n’est ce pas ! Comme d’habitude, l’ambiance est à la rigolade.

Le voyage est confortable, amical, chacun y va de sa bonne humeur, même si au plus profond de nous, c’est déjà le début de la course. A l’aéroport, nous nous interrogeons sur le poids du sac de Dédé : Va-t-il dépasser la limite des 23 kg ? Il faut dire que Dédé a pris du ravitaillement en pâté hénaff, riz au lait, malto et eau gazeuse pour que nous ne manquions de rien durant notre déplacement. Quand à moi, j’ai dans mes bagages plusieurs kilo de vêtements confiés par une collègue de travail et à destination d’une de ses amies, habitant justement à Nice. J’espère que les filles n’en ont pas profité pour « passer » des produits interdits. Finalement, tout est parfait et nous pouvons monter dans l’avion.
Une fois installé, Sullivan n’est pas très rassuré. Mais en plein vol, Laurent trouve le moyen de l’angoisser encore un peu plus en lui expliquant que nous sommes entrain de doubler un avion par la gauche. Sullivan n’ose plus regarder par le hublot ! Plus loin, Cédric, très curieux, démarre son cardio-fréquencemètre pour avoir une idée de l’altitude. L’hôtesse viendra à son secours car le pauvre cardio-fréquencemètre raconte n’importe quoi. Nous sommes bien à plus de 5000 m d’altitude. Bref, c’est un vol qui se passe le mieux du monde.



La météo est splendide à notre arrivée sur Nice. Mon ami Bruno accompagne les marathoniens de la JA Melesse. Il a tout organisé, tout prévu avec grande précision comme à son habitude. Nous allons tous nous reposer complètement sur lui durant ces 3 jours et les coureurs n’auront qu’à penser …qu'à leur course et rien d’autre.

Samedi matin, nous partons tous trotter vers 8h00 sur la promenade des anglais, c’est déjà la foule des grands Jours. Les jambes tournent à merveille. Nous croisons nos copains de l’ASPTT Rennes, Stéphane Greslier et Pierre Germain qui vont eux aussi s’aligner sur ce marathon.
Le midi, on se paye le luxe d’un casse croûte sur la plage et d’une belle balade dans le vieux Nice.



Cependant vers 15h00, les marathoniens préfèrent regagner l’auberge pour rester au calme et ne pas se cramer. J’en profite pour me remémorer cette belle préparation, une nouvelle fois dirigée par mon ami Charlie. Il y eu quelques compétitions, un 1500 m à S-8, un 3000 m et un semi à S-4, un 10 kilomètres à J-15. Côté allure spécifique, j’ai démarré en début de plan à 4’03’’ pour finir à 3’55’’. Sur la dernière séance de spécifique marathon, je finis à FC 160 tandis sur le rappel à J-10, c’est 152.

Dimanche matin, 4 heures, ça sent ……… le marathonien dans notre petite chambre de 8m2 pour 8. Dédé, Frankie et Cédric vont trotter. J’ai très mal dormi mais c’est pareil pour tous les copains. On attend qu’ils rentrent de leur footing et nous partons tous déjeuner. La météo a bien changé, c’est légèrement humide dehors et la température est de 12°. Un rapide contrôle de la FC, c’est assez haut (+ 20 pulses par rapport à un jour normal ;-)), le stress est bien présent. A 7h30, nous prenons la direction du départ et de la consigne. C’est vachement bien d’être en groupe, on se laisse presque porté et on suit le mouvement. Et voilà, c’est parti pour un petit échauffement et plusieurs pauses pipi.




7h50, je suis dans le sas de départ, à 2 mètres de la ligne. Je n’en mène pas large, les marathoniens qui sont à mes côtés sont tous des fusées et ils vont partir à moins de 3’35’’ au kilo et moi je pars pour faire un chrono de 2h45. Faîtes le calcul ! Les pulses sont assez hautes en attendant le coup de pétard. Un retard de 15’ est annoncé et c’est reparti pour de longues minutes de patience, à tenter de se détendre un peu pour faire baisser les pulses. Bof, rien n’y fait. On ne peut pas discuter non plus car la musique du départ bat la chamade et nous coiffe les tympans.
8h15 et bang, c’est le coup de pétard. Au bout du 1er kilo, ni trop rapide, ni trop lent, je retrouve des pulses presque normales. Moi, j’ai 2 consignes majeures à respecter : FC 152 au 10ème kilo, FC 157-158 au 20ème. En avant toute.

5ème kilo, 19’49’’. Nous passons devant l’aéroport international de Nice qui est construit sur une zone partiellement gagnée par la mer. L’atterrissage des avions se termine par un vol à très faible altitude au dessus de la mer avant de finalement toucher les pistes. Ça me fait sourire car n’ayant pas l’habitude de l’avion, nous étions plusieurs copains collés au hublot à contempler le spectacle à notre arrivée sur Nice. Je regarde le chrono, je suis légèrement en retard. Même si les pulses sont conformes j’ai du mal à trouver de bonnes sensations, tout comme sur les séances de spé marathon effectuées durant la préparation. Vers le 6ème kilo, on passe une petite bosse, mine de rien, elle peut faire mal, même si proche du départ.


10ème kilo, Cagnes sur mer, 39’42’’, je suis toujours dans l’attente de bonnes sensations. Je me trouve une excuse : C’est mes chaussures. Je me dis que lorsque mes pneus seront habitués au bitume des alpes maritimes, tout rentrera dans l’ordre.


Au 15ème kilo, 59’39’’. Je trouve Bruno, et son APN, qui m’encourage. Ca fait chaud au cœur de le voir. Bruno a orchestré une feuille de route spéciale JA Melesse. Il a tout préparé la veille pendant que nous nous reposions tranquillement à l’auberge. Il a prévu de nous voir tous au moins 3 fois durant les 42,195 km. C’est non seulement un super coach, c’est aussi un sacré chef d’orchestre et c’est mon copain 
Soudain, c’est la surprise. Stéphane me rejoint. Je suis content de trouver quelqu’un que je connais bien, avec qui j’ai partagé une sacrée belle préparation marathon durant plusieurs semaines. ça me donne la gniac et on fait un bon bout de chemin ensemble. Je trouve cependant qu’il est un peu rapide (c’est l’entraîneur qui le pense …).

Et voilà enfin les bonnes sensations qui arrivent. Les kilomètres s’enchaînent presque sans effort. Au 20ème, je croise un spectateur, portable à l’oreille, qui m’encourage « Allez Melesse, je suis avec Stan au téléphone ». Sur le coup, je reste sans voix. Stan est un athlète de mon club et je crois bien que je viens de croiser son frère vu la ressemblance. Merci les gars !

Déjà le semi marathon, 1h23’’56, Antibes en vue. J’en profite pour me ravitailler comme prévu en eau sur les tables. Je déballe ma poche de miel. Je suis « fâché » avec les gobelets trop rigides des tables et l’eau est un peu trop fraîche. la FC grimpe à chaque fois. C’est de ma faute, je n’ai pas préparé ces passages. Après le semi, la FC dérive tranquillement et l’allure se maintient. On arrive à Antibes, les spectateurs sont nombreux. C’est véritablement la 1ère grosse difficulté du parcours qui arrive avec une 1ère bosse et pan, la FC fait un bon! Je sais que les km à venir vont être décisifs à cause dénivelé, donc prudence quand même. Peu après le 24ème kilo, j’aperçois Dédé qui marche, et boitille. C’est la blessure, il ne peut même pas se relancer pour m’accompagner, comme il l’avait fait à Cancale-Saint Malo. Dédé, quand il n’a pas les jambes, il vient toujours aider les copains. ça me file un coup sur le bol. Je me ressaisis très vite car devant, il y a encore les copains qui courent pour le titre. Ma place peut compter, alors avance donc mon gars.

25ème kilo, 1h39’24’’, Antibes est derrière nous, et c’est une nouvelle bosse qui se présente. La FC fait encore un bon en avant. Mais la côte à venir au 28ème kilo va faire monter la FC pour de bon, 167-168 et elle ne descendra plus. Et dire qu’on a entendu depuis plusieurs mois que ce parcours était plat. En rêve oui !!!

Après le 30ème, 1h59’35’’, c’est le gros coup de mou et presque la panique. La longue descente sans le frein m’a abîmé et je ressens des douleurs dans le tendon d’Achille gauche et les quadri. Aie aie aie. Je prends conscience qu’il reste encore 12 bons kilos et que je risque de lâcher dès maintenant. Le moral en prend un sacré coup. Un 1er gars me passe, puis un 2ème. Je m’accroche et je compte les kilomètres. Pourtant, des descentes, j’en ai avalé cet été, bien plus difficiles que celle ci ! Et je repense à cette belle aventure vécue avec de bons copains trailers autour du Mont Blanc début août 2010, 4 jours pour parcourir les 160 km avec presque 10 000 mètres de dénivelé.



Le projet pouvait faire peur et paraître démesuré
Encouragé par les trailers acharnés, tu t’es lancé
Très vite tu as pris les choses au sérieux
Organisé et rigoureux, le paquetage était bouclé
Une paire de trail aux pieds, prêt à affronter l’épreuve
Répétition générale autour de Rhuys, le feu est au vert
Direction le sud pour installer la famille
Ultimes encouragements, derniers bisous et c’est parti
Mont blanc te voilà. Thierry est dans la place
Objectif 40 km par jour. Le groupe se lance
Néo trailer, la fierté et l’euphorie l’emportent
Tenace, surmotivé, la première étape est bouclée
Bis repétita le lendemain. Mais les quadri commencer à tirer
La prudence et la sagesse aident, les raccourcis sont bienvenus
Au téléphone le réconfort et c’est reparti pour la dernière
Ne renonçant jamais, s’accrochant jusqu’au bout
Chapeau, je suis fier de toi.


L’auteur de ce mot reçu à mon retour se reconnaîtra. Moi, je ne suis pas prêt d’oublier…..

Revenons à la route, entre Nice et Cannes, au 36ème kilo, 2h23’44’’.
Le mental a repris le dessus et les petits bobos sont envolés. Au loin, j’aperçois les tables de ravitaillement et surtout Bruno. Ses encouragements vont me booster bien d’avantage qu’un gel. Bruno se paye même le luxe de courir quelques mètres à mes côtés tout en m’encourageant. A ce moment, là, tout se joue, je lui confirme de vive voix que tout va bien. C’est maintenant que ma course va démarrer, juste au pied de la dernière côtes du 36ème km. On m’avait prévenu qu’elle était corsée mais je me sens d’attaque. Je redouble un paquet de gars que j’avais laissé partir sur le 1er semi.

Au 38ème 2h31’53’’, je m’emballe un peu. Comme souvent dans ces moments de pleine confiance, je me redresse et je lève mes genoux. Purée, un rapide calcul (hé oui, j’en suis encore capable !), je suis sur la base de 2h48 …. Un coureur de l’athlé52, longtemps derrière moi prend le relais. Je m’accroche à lui comme un wagon à une locomotive. Nous approchons de Cannes, et régulièrement j’entends des « Allez Melesse », C’est tellement stimulant et surtout incroyable cette renommée de mon club.


Au 40ème 2h39’55’’, je prends le risque de m’arrêter pour m’hydrater, j’ai trop chaud. Je prends 20’’ en marchant pour bien m'hydrater et je repars de plus belle.
C’est l’arrivée sur Cannes, quelle foule sur la croisette. C’est impressionnant. J’entends encore des spectateurs m’encourager avec « allez Melesse ». J’aperçois la ligne d’arrivée et le chrono géant au loin. Un instant je me dis que je vais tenter de passer sous les 2h48, mais je ne peux plus accélérer. Je finis en 2h49’08’’, en levant les bras de joie, fier de ce nouveau record personnel. Christian Delerue me fait un petit coucou amical, ça me fait chaud au cœur parmi tout ce monde de voir un copain sitôt passé la ligne d’arrivée. Merci Christian.

Je me force à marcher, l’émotion est vraiment forte. La fin de la course a été formidable, j’ai vidé tout le réservoir et le chrono est là. Je décide d’attendre un peu, Stéphane ne devrait pas tarder. Mais les minutes deviennent interminables et j’ai très soif. Je continue mon chemin dans le sas de sortie, je retrouve mon sac.
Plus loin, les copains sont là, Franki, David et Cédric, puis quelques minutes plus tard Stéphane. On se congratule. Franki fait un super chrono en 2h33. Je suis fier pour lui car sur un tel parcours, c’est chapeau et laisse envisager un nouveau record en 2011…

L’entraîneur refait surface quand il apprend les chronos des 2 athlètes David et Stéphane qu’il a préparé pour ce marathon. Les joies de l’athlète et de l’entraineur viennent s’ajouter. J’aime à dire que seul les écrans sont plats entre Nice et cannes, mais j’ai bien l’intention d’y retourner car ce marathon va être le support des championnats de France durant quelques années. Les copains de Melesse ont pris de gros risques pour tenter de conserver le titre. Avec eux, si je le peux, je prendrais à nouveau le départ et on tentera de reprendre ce titre.

Sur un marathon un poil plus roulant, j’ai la certitude de pouvoir améliorer mon chrono et de viser les 2h45. Avec Charlie, on va continuer en ce sens. J’ai aussi mon copain entraineur Bruno qui suit de très prêt mes préparations et progression. Mais en attendant, comme d’habitude en cette période hivernale, le repos et le jeu sont de mises, alors place aux cross.


Merci à Charlie qui m’entraine, à la JA Melesse de m’avoir envoyé sur ce nouveau France de marathon et à l’Acigné Jogging pour son soutien.

2 commentaires:

Oliv a dit…

Haa que j'ai hâte de courir un marathon avec la JA MElesse quand je lis ce compte-rendu, vivement le mois de Juin! Tu t'es super bien débrouillé en tout cas sur ce parcours miné, et la prochaine fois que tu vas l'affronter en connaisseur ça va ch...

France a dit…

bravo à toi Thierry.
Quelle belle progression depuis quelques temps.
France